jeudi 5 avril 2007

Frénésie des sorties de classe

Pour autant que je me souvienne, qu’il s’agisse d’une cloche ou d’une sirène, que l’une ou l’autre retentissent, provoque chez tous les étudiants une sorte de frénésie inexplicable. Le remue-ménage dans les salles de classe s’avère sans égal.

Longtemps je m’interrogeais sur ce qui poussait les étudiants à quitter une salle de cours avec tant de promptitude. Et j’en venais à la conclusion que si dans la culture grecque le temps dévoué à l’enseignement, était considéré comme passé pour soi, un véritable loisir, il n’en est remarquablement pas de même pour la génération qu’est la mienne.
On ne s’ébaudit guère plus de se retrouver confiné des heures durant entre quatre murs à emmagasiner et s’échiner à réfléchir à propos de pelletage qui pour beaucoup, de toute manière ne serviront à rien dans le long comme par ailleurs le cours terme.

Heureusement, il reste que certains jeunes esprits zélés, prennent la mesure et tout le bénéfice du temps consacré aux cours, des éternelles leçons à apprendre, des échéances toujours plus proches les unes des autres à respecter…des notes satisfaisantes, jubilatoires -et dans les moments de panne-, les minables que l’on récolte; fruits de notre travail acharné, passionné ou désintéressé.
Il semblerait que l’impression qu’il y a manifestement le feu au lac à la minute même, -voire à certains moments, où vraiment la patience fait défaut-, où est atteinte l’heure de quitter les lieux de cours, témoigne assez clairement de l’enthousiasme de la majorité des étudiants à cultiver leur esprit.
C’est une sorte de rituel, car décidément, même lors de cours fort enthousiasmant, une attitude similaire est à remarquer.
Les feuilles s’envolent, comme munies d’ailes; elles brassent d’un son saillant les aires. Claquent les classeurs, tombeaux des mots qui se referment avec vigueur et qui enfouissent dans l’oubli fuligineuse, d’une certaine manière l’âme du professeur, le fruit de son labeur, sa voix, sa pensée, pour les plus dévoués d’entre eux, une passion, l’amour de partager.
Les trousses comme les dents d’une scie affûtée, laissent entendre un bruit sourd, désormais les stylos, sont rendus mués, les billes reposées. Les sacs engloutissent le tout dans les profondeurs de leurs panses alourdies.
Viennent les cris des chaises, le grincement des tables. Dans ce tumulte percevez les «pardons» à répétition. On se bouscule, le feu a bien pris il faut quitter les lieux, on étouffe, les derniers à pouvoir quitter les lieux suffoquent presque …
Enfin chose étonnante dans les couloirs amassés en rang, par ordre de sortie, les amis s’attendent, l’atmosphère se détend. Le mal est loin maintenant, des rires jaillissent, les commentaires fusent, le cours n’est plus. Et les murs se renvoient les échos des voies qui dans les aires se sont éparpillées…

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