mercredi 3 octobre 2007

Après la révolution, quelles résolutions?


Après la révolution, quelles résolutions?

Et MédiaMatinQuébec fut. La mise en circulation du journal gratuit proposé par les cadres du Journal de Québec en lock-out, cristallise un moment de l’histoire du devenir du journalisme. Cependant que peut-on attendre à l’issu du conflit entre les journalistes et leur patron, eu égard au métier?


Les signes avant-coureurs
Les mouvements de masse qui ont eu lieu dans les locaux du Journal de Québec, l’embauche de 14 employés, on fait dire à Catherine Gagnon :« On a vu venir…». «On», ce sont les 140 employés de la rédaction et des bureaux du journal, et ce qui a été «vu venir», c’est le conflit de travail que leur concoctait Quebecor.

Le diktat

La liste de la nouvelle close proposée par l’employeur fut lourde. Ce dernier imposait à ses employés d’une part la multiplateforme (telle que voulue par la direction du journal, elle semble impossible à réaliser sans nuire à la qualité de l’information selon les journalistes). D’autre part, il demandait aux employés d’élargir la semaine de travail de quatre à cinq jours. Ces derniers s’offusquèrent, et manifestèrent leur désapprobation…et à Quebecor de répondre par un lock-out.
Sans doute, Quebecor considéra son journal consacré à Québec comme cobaye pour imposer la multiplateforme, et s’imaginait instaurer le début d’une nouvelle ère, et cela sans le moindre écueil. Mais c’était sans compter sur la capacité de réplique de ses employés.

La révolution
Au fait de ce qui se tramait, c’est dans la plus grande discrétion que les journalistes prirent l’initiative d’anticiper sur leur patron. C’est malgré les difficultés techniques et financières, qu’ils plantèrent les germes de la révolution. Quelques jours après le 22 avril, la riposte fut lancée, leur gratuit envahissait les rues et l’opération s’avérait une complète réussite.
Celle-ci est populaire à de nombreux égards: si le syndicat canadien de la fonction publique soutient financièrement l’entreprise, le bébé qui naquit ce jour là fut aussi celui de particuliers, partisans de la cause. Enfin l’enthousiasme que démontrèrent les lecteurs locaux pour un journal plus proche de leurs préoccupations (témoin du ras-le-bol face à la Montréalisation), n’est certainement pas à négliger.

La guerre d’usure
Cependant Quebecor ne s’avoua pas vaincu, et face à la situation, il opta pour une guerre d’usure. Il assiégea la forteresse dressée par les syndiqués, en attendant que ceux-ci se rendent par lassitude, par désespoir. À Catherine Gagnon de rétorquer que l’essoufflement des troupes ne saurait être à l’ordre du jour.
Ce qui motivent les journalistes à persister, c’est la conviction de faire du journalisme comme ils l’entendent…cependant une question demeure : «Fallait-il attendre d’être mis au pied du mur pour réagir de manière aussi radicale contre semble-t-il, une pratique qui ne leur convenait déjà guère?»
La réplique des journalistes ne s’arrête pas à la production du MédiaMatin. Il se trouve que le Journal de Québec poursuit ses activités à l’aide de filiales qui ont émergées du jour au lendemain. Cependant, le travail des journalistes qui y œuvrent ne cesse d’être décrié et cela fournit des cartouches pour les démarches judiciaires qu’entament les syndiqués. Peut-on s’attaquer judiciairement au mauvais journalisme?
En outre le conflit a permis de montrer que la multiplateforme étend ses tentacules. Agnès Maltais confiait au Soleil la surprise qu’elle eut de voir qu’une interview accordée à un journaliste de Canoë, se retrouvait dans le Journal de Québec. Face à une telle situation ne serait-il pas bon d’envisager la création d’une institution juridique propre à défendre la cause des journalistes, dotée d’un réel pouvoir d’action, voire de sanction?

La fin des hostilités
Il ne faudrait cependant pas perdre de vue que la situation actuelle n’est que temporaire. Les journalistes aspirent à reprendre leur fonction. Catherine Gagnon souriait à l’idée de continuer l’aventure MédiaMatin. «Pis après, pourrait-on demander?». Jusqu’à quand la situation sera-t-elle viable? Quelles seront les conditions d’un retour à la «norme»? Les journalistes pourront-ils exiger de travailler selon l’idéal de leur gratuit, ou se soumettront-ils aux exigences de Quebecor. Dans ces conditions laisseront-ils de nouveau Montréal s’immiscer dans le Journal de Québec?
La convergence et la multiplateforme représentent une menace pour l’intégrité de l’information selon Florian Sauvageau, et une «menace à la diversité et à la qualité de l’information» selon ce qu’en dit Samuel Auger dans LeSoleil (17 septembre). Toutefois à monsieur Sauvageau de concéder que cela l’«étonnerait qu’il[le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes] agisse rétroactivement et dise à certaines entreprises de se dessaisir de médias parce qu’ils en ont trop.» La machine est lancée et la possibilité de l’arrêter n’est guère envisageable. Lorsque l’on considère que le journal ne représente qu’une petite partie des activités du groupe, il est aisé de comprendre que la logique commerciale au centre de la convergence semble plus forte que le fait de produire un journal de qualité. Alors aux journalistes de s’ajuster? Quelles seraient les conditions de leur ajustement? Devraient-ils émettre des réserves quant à la polyvalence exigée des médias, à leurs fins (économiques)?
Cependant il n’en demeure pas moins que la multiplateforme a des avantages : l’information culturelle (arts visuels, danse, etc.) trop souvent confinée (car taxé de snobisme) à des magasines spécialisés, pourrait être plus populaire en étant diffusée sur d’autres supports.
Demeurent ainsi des questionnements auxquels seul l’avenir pourra répondre.

samedi 18 août 2007

Devenue mère j’ai perdu mon prénom…





Devenue mère j’ai perdu mon prénom…

Mettre un enfant au monde est une étape décisive dans la vie d’une comorienne, à en juger notamment par les changements radicaux dont elle s’accompagne. Le plus singulier d’entre eux, consiste à renommer la récente mère à l’aide du prénom de sa progéniture. Ainsi une Fatima se verra appelée «Ma Foulani», c'est-à-dire «Maman d’un tel». Explications…


C’est avant tout une profonde marque de respect qui salue le précieux pouvoir de donner la vie dont dispose les femmes. En outre, nous autres Africains avons un penchant prononcé pour les rites de passage- même si ceux-ci s’avèrent si bien intégrés qu’ils ne sont plus vécus au quotidien comme tel. Ainsi ils échelonnent l’existence des nôtres, du premier jusqu’au dernier souffle. Comme tout rite de passage, celui des femmes devenues mères se cristallise en un changement de statut. La personne connaît une forme d’ascension hiérarchique-somme toute symbolique- au sein de la communauté. Il est vrai que dans une société où l’identité de chaque individu ne doit pas laisser d’ambigüité; où appartenir à un groupe, se faire reconnaitre et apprécier par ses pairs fait partie intégrante du parcours de tout Comorien, ce nouveau statut est capital.

Tout comme l’on distingue la demoiselle de la dame, selon le statut d’une part de femme-non-mariée, en opposition d’autre part à celui de femme-mariée, le distinguo s’effectue parmi les mariées, entres celles qui sont mères et celles qui ne le sont pas encore. Donner la vie est un rite de passage qui mystifie la femme comme porteuse du miracle de la vie. La principale manière d’honorer une mère consiste donc à la nommer à l’aide du prénom de son aîné. Ceci tient d’une forme de respect autant que d’une façon de partager publiquement l’heureuse nouvelle. Fatima deviendra une «Ma Foulani». À traduire «Mère d’un tel». Et à tout le monde dorénavant de la nommer de cette manière. La famille, l’époux, les amis proches n’appelleront plus que très rarement «Fatima » par son prénom.

«Lorsqu’on me nomme de cette manière, c’est comme si les porte du paradis m’étaient ouvertes; c’est aussi la marque du respect qui m’est du, déclare «Ma Fergan»-et Sitti de son prénom-, qui est, de manière intermittente nounou et femme au foyer.»
Par ailleurs, elle ajoute que si elle accepte cette appellation, c’est parce qu’elle est fier de son fils et que c’est avec joie qu’elle souhaite que chacun sache que c’est son aîné.»

Si une grande majorité de femme considèrent la pratique telle une véritable fierté, qu’en est-il des autres? N’y en a-t-il pas certaines qui regrettent leur prénom d’antan, sa spontanéité, sa jeunesse et autres?

Pour les nouvelles générations cette appellation est restrictive. Car elle encense une «fonction» reproductrice des femmes et nie ce qui fait la personne en elle-même.

_«C’est ridicule de ne plus se faire appeler par son prénom, celui-ci ne dédit en rien notre maternité. D’autre part ça nous permet de rester nous même et non d’être identifiées par rapport à une personne qui prendra son envole un jour. Confie Dania, récemment mariée et sans enfant, menant une brillante carrière de juriste à la mairie d’Aulnay-sous-Bois.»

Il semble clair qu’un des enjeux d’un tel débat réside dans la confrontation de générations. Les plus anciennes perpétuent les valeurs ancestrales, avec le respect qui leur est du, mesurent leur opinion aux plus modernes pour qui ces valeurs sont tout autant fondamentales, et qui néanmoins attendent que l’on témoigne aussi du respect à leurs autres aptitudes-il est question de réussite sociale, d’affirmation de son identité, entre autre. C’est ce que parait exprimer les deux points de vue, ici observés. Toutefois le débat demeure ouvert et au plus acharnés de faire valoir ses arguments…

jeudi 9 août 2007

Vacances à Paris-plage




Depuis 2002, Paris accueille une mer de sable, de palmier et de personne en tenue de bain. Durant un mois, du 20 juillet au 15 août, plus de 500 kilomètres de paysages urbains connaissent un réaménagement spectaculaire pour offrir aux parisiens et autres étrangers un espace de détente rivalisant avec les plus belles plages.

Les sites et activités

Du Louvre au pont de Sully, se sont plus de trois kilomètres aménagés dans le Paris historique. Aux regards des promeneurs se donnent un ciel bleu azur, et la frimousse béate des heureux vacanciers. Voyez comme les reflets du soleil ainsi que des éclairs aveuglants viennent en vagues régulières heurter les yeux de roc des nombreux visiteurs.
Sous les transats et parasols, la belle parisienne se dore, et d’un sourire coquin, plein de promesse répond aux regards des malheureux qui aux pièges de ces sirènes se sont laissés prendre. Heureusement les brumisateurs géants placés là rafraîchissent leur émoi, tandis que les bambins sans voir le jeu de ces requins, courent sous la pluie de gouttes artificielles criant pour que «papa, maman» voient leur joie.


Sur le port de la gare, le long d’un quai d’un kilomètre, se pâment au soleil les palmiers, toutes ailes déployées dans les aires. Ils semblent avoir naquis et grandis là en une nuit, pour le plus grand plaisir du plus grand nombre. Sur les rives les gens se bousculent en se demandant «pardon» : les uns pour se faufiler et poursuivre leur promenade autour des rives de la Seine, les autres pour accéder au marchant de glace ou se rapprocher du spectacle qu’un magicien, installé sous un pont, donne en échange de quelques pièces.

Paris plage c’est un succès confirmé : en 2006, 4 millions de visiteurs profitaient de cette superbe opportunité de redécouvrir la capitale sous de nouveaux traits.

En conséquence, cette année 2007 a vu s’élargir le périmètre de jeu des vacanciers : le bassin de la Villette ses 800 kilomètre de quai serviront à élargir l’éventail d’activités que proposait déjà la ville de Paris. Ainsi sur le bassin de la Villette, se côtoient les amateurs d’aviron, de pédalo, de barque et autres canoë kayak…le tout sous le regard vigilant des moniteurs près à venir en aide à toute personne dans le besoin.


Aux alentours les activités font rage : dessins, bronzette, musique etc.
À ce propos pour le 21 juillet une soirée concert spéciale est organisée et met sur le devant de la scène des artistes tout droit venus du Québec.

Pour anecdote retenez qu’à Paris-plage la fête est telle que même le mauvais temps qui menaçait le mois de juillet a contourné les lieux pour que « vive les vacances et vive Paris…»

samedi 21 juillet 2007

Un monde à la recherche de héros. Quand la fiction vient au secours de la réalité.



Depuis le 11 septembre, l’état d’esprit de tous demeure en proie à une pesante crainte.
Pour parer à la réalité qui terrifie, les studios d’Hollywood, ont choisi la fiction qui réconforte.


Batman begins, Superman returns, Spiderman…ces célèbres défenseurs furent rappelés comme pour redonner l’espoir à l’humanité, par le biais du rêve.

Ces héros portent en eux, de manière individuelle, un idéal que leurs créateurs voulurent universel. Ainsi en nos difficiles temps, le monde du cinéma a pu juger salvateur le fait de rappeler au plus grand nombre les valeurs dont ces personnages sont les icônes.

Les problèmes que visent les scénarios proposés touchent à plusieurs maux de nos sociétés actuelles. Au premier chef les guerres.
X-men met en scène le combat des races que mènent des mutants qui revendiquent leur reconnaissance, la paix et leur place sur la Terre. Métaphore au combien explicite à propos d’injustice dont des noirs, des beures, des jaunes, des blancs et j’en passe, sont victimes quotidiennement par-delà le monde.

Tous semblent avoir à cœur l’amour de son prochain. Les ennemis des héros tels que présentés dans ces fictions luttent justement pour nuire souvent gratuitement à autrui.
Le terrorisme s’avère leur méthode commune … les proches des héros sont les premiers à souffrir d’enlèvements. Mary Jane, la fiancée de Spiderman, tout comme un bon nombre d’innocents dans les coins les plus chauds sur la planète qui se voient torturés voire même exécutés, a toujours été la victime de choix des êtres malfaisants voulant nuire au héros.

C’est ainsi que partout à la télévision -Heroe, 4400, etc- on assiste à explosion de personnages surnaturels, à la rescousse ou au contraire menaçant le monde.

Ce qui est triste c’est justement le fait que l’on présente constamment l’Homme comme nécessitant ces êtres transcendants. Comme s’il ne pouvait détenir lui-même le moyen d’obtenir son propre salut.

En effet cette emphase mis sur une aide surhumaine, mine la confiance en l’homme.
Le super homme résout nos soucis; les forces de l’ordre ne servent à rien, les institutions semblent inefficaces; c’est l’image que projettent ces séries et films de nos sociétés.

La question serait « pourquoi ne pas en revenir à des icônes plus humanistes?»
Faire voir des hommes et des femmes de cœur, authentiques, avec leurs faiblesses mais prêts à œuvrer pour que le monde s’en sorte! Après tout, ne sommes-nous pas capable de la plus grande noblesse, dans les moments les plus critiques?

mercredi 11 juillet 2007

Les «tournantes», rien de plus qu’un délire de gars!!?


Le phénomène est connu mais il demeure peu médiatisé, jusqu’à ce qu’une fille soit agressée de nouveau. Pourtant les violences sexuelles abondent. Au premier chef, les adolescents qui ne rêvent plus que de «baiser» à plusieurs, une même personne.


Dans un RER gorgé de monde, à une heure de pointe, quatre jeunes hommes de moins de 20 ans vantent une soirée qu’ils préparent avec beaucoup d’enthousiasme. Vont-ils sortir en boîte pour fêter leur réussite au bac… non ils ont rencontré une fille- «une pute rebeu disent-ils»- et ils comptent lui faire la «zèrmi». Comprenez que ces amis ont fait la rencontre d’une enfant de 15 ans –estiment-ils- et comptent lui faire l’amour tout ensemble. «Chacun son tour comme dans les mangas, t’es fou, on va pas tous se mettre sur un eins’!!» rassure l’un des garçons, résolvant ainsi le problème de leur surnombre face à leur partenaire commune.

Est-ce une pratique si répandue, en parler en public ne pose t-il plus aucun problème? Ces jeunes ont-t- conscience qu’ils vont agresser une jeune fille?

Pour commettre leur méfait ils songent à louer une chambre dans un «formule 1», un hôtel bon marché. Un calcul rapide s’effectue :
_7 euros chacun…
_j’aurais jamais cette maille t’es guedin…!!!
Ce sont des gamins incapables de réunir assez d’argent pour se payer cet hôtel, même à quatre.

Pour se donner bonne conscience, l’un d’entre eux crache avec dédain : «tout le monde lui est passé dessus…». Il semble que la gravité de ce qu’ils s’apprêtent à faire est cautionnée par la réputation qu’ils se sont fait dire de cette fille.
Il apparaît clairement qu’ils n’en savent pas plus sur elle que ce que les ragots leur ont rapporté. À un de demander confirmation :
_C’est bien une bab’…?»
_Merde non, c’est une rebeu!

Comme pour un simple rendez-vous galant, chacun son tour envisage la tenue qu’il portera et imagine comment se déroulera cette «terrible» soirée.

Enfin, ces quatre compères descendent du train, contents de leur pêche et impatients de passer à l’acte…
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mardi 26 juin 2007

Un noir dans les rues de France sera toujours un immigré.


Les défenseurs d’un ministère controversé de l’immigration et de l’identité national, créé par le président Nicolas Sarkozy, ont tort.
Ceux-ci comptent s’en sortir en démontrant qu’il s’agit d’un problème purement linguistique et tel n’est pas le cas. Substituer par d'autres, les mots employés pour nommer ce ministère afin d'atténuer la polémique, n'étouffera en rien le débat en cours.
Les français d’origine étrangère représentent-ils une sous catégorie de français?

Acquittons nous de la question des étrangers immigrant en France, pour ceux-là, il semble qu’un tel ministère soit utile- pour qu’ils puissent se familiariser avec les valeurs ancestrales de la République -même si cela se discute.

Il est clair que la question de l’immigration s’inscrit dans la liste des sujets sensibles dans ce pays. Là où l’affaire devient particulière à la France, c’est quand on se penche sur le visage de ces immigrants qui font tant parler d’eux. Ils sont français d’origine africaine pour la plupart. En 2004, ils représentaient 400 000 personnes venant d’anciennes colonies françaises, parmi les quatre millions d’immigrés peuplant le pays (selon l’Insee). Et c’est envers eux que ce ministère est illégitime.

L'échec de la politique de décolonisation menée par la France, perpétue l'impression de rejet des français venant de ces ex-colonies. En effet un français-noir malgré ses efforts ne se sentira guère reconnu comme tel, par son compatriote blanc. Un noir se fera toujours contrôler par les forces de l’ordre, jamais un blanc. Ainsi c’est de français à français que rien ne va. Avec ce ministère considère-t-on que les français de la Réunion, des Antilles et d’Afrique etc. sont des étrangers en France. Pour autant exiger qu'ils s'«intégrent», n'est pas considérer que les valeurs de leur propre patrie leur sont étrangères?

Tel que le laisse entrevoir sa dénomination, ce ministère renforce la discrimination territoriale dont souffrent une «catégorie» de français. À quoi d'autre rattacher un tel ministère, quand les français d’origine étrangère ressentent déjà nettement cette idée qu'ils sont des français de seconde zone?

Les Sarkozistes engagés affirment que le but visé tend à éradiquer les communautarismes et ainsi donner une cohésion plus forte à la nation. Oui, noble intension! Mais pour permettre l’insertion de ces français, il suffirait de les reconnaître, politiquement, économiquement et surtout socialement. Comment pourrais-t-on aimer notre mère-patrie si l’on s'identifie comme étant son fils indigne?

D’autres pays ont choisi une politique d'immigration contrôlée -comme le Canada- cependant, leurs immigrants ne se voient pas confrontés aux mêmes difficultés qu’en France. Le problème de l'immigration, africaine de surcroit, empoisonne l'air de tout le monde en France, contrairement à Quèbec. Il semble que ces mêmes personnes indésirables en France soient perçues comme des modèles de réussite à Québec. Par ailleurs, là-bas, il semble que tout soit mis en œuvre pour qu’ils se sentent chez eux dans leur pays d’adoption. Alors que les enfants de la France sont considérés comme des immigrants sur leur terre, et par conséquent mis au banc de la société…il faut interroger la légitimité d’un tel ministère ou se résigner à tirer les conclusions de rigueur qu’impose une telle démarche.

mercredi 23 mai 2007

Taxi-confessionnal





Plusieurs conducteurs de taxi confient qu’ils recueillent fréquemment les confessions souvent croustillantes, et bien souvent désespérées de certains jeunes quittant aux aurores les bars.

Ne vous est-il jamais arrivé de filer d'un bar ivre de colère- et d’alcool aussi peut être – et de vous engouffrer la tête la première à l’arrière d’un taxi, jurant tout votre saoul?
Vers trois ou quatre heures du matin, dans cet état, que ne confierions nous pas à la première oreille prête à nous entendre?

Est-ce le cas de beaucoup de jeunes? Est-ce facile de se livrez ainsi à un total inconnu? Le risque qu’il puisse trahir la confiance de son passager n’inquiète-t-il pas ?

La contrariété, voire la frustration semble soulever pas mal d’inhibitions. Une soirée qui ne s'est pas terminée comme on l’aurait souhaité et on perd pieds, on s’emporte.
« Toutes les filles sont des agaces, tonna un jour un étudiant, en montant dans son taxi, nous révèle un chauffeur qui a tenu à rester anonyme.»

La frustration pousse bon nombre de jeunes à s’exprimer, plus ou moins grossièrement sans se soucier un instant des écarts qu’ils peuvent commettre; pour la simple raison qu’ils estiment s’adresser à de parfaits inconnus, qu’ils ne reverront sans doute jamais, et qui selon eux n’auront que faire de leurs propos, qui plus est; selon les dires du même chauffeur.
«Je les reconnaitrais moi, et sûr qu’ils seraient bien gênés s’ils se souvenaient mais aucune chance, ils ne se rendent compte sans doute de rien le lendemain»

Les jeunes femmes surtout, bouleversées, parce que «leur chum n’aura pas été correcte, déplore un autre conducteur, recherchent auprès de nous autres une oreille attentive.»
Encore une fois, il s’avère que la majorité de ceux qui ainsi se laissent aller sont en proie à une forte dose d’alcool. Ce qui laisse présager au mieux la volonté d’oublier au pire un black-out…
Ce sont donc des personnes dans une situation assez vulnérable, qui demandent juste un peu d’attention. Même si pour la plupart, ils vident leur sac et font leur chemin sans demander leur reste. Ils ne sont donc pas à la recherche de conseils avisés : «ils font leur monologue et crisse leur camp».

Pensez –vous confesser ces jeunes gens à la manière des prêtres, demandions- nous à un des conducteurs interviewés?
_Oui assurément, et à celui-ci d'ajouter avec malice, que lui cependant, offrait toujours l’absolution.

mardi 1 mai 2007

Eia pour le soleil...


Et le soleil fut…

Qui l’eut cru, moi certainement pas. Surtout après avoir connu l’hivers le plus long et sans nul doute le plus rude de toute ma vie.
Les pas lents, sur d’épaisses couches de neige, le vent qui par tous les moyens tente de s’infiltrer dans nos vêtements, pour souffler sur votre peau, peut être pour vous faire la peau…le visage de glace des personnes, toujours pressées fuyant le froid, cherchant refuge au fond d’un bureau, d’une salle de classe…

Il était temps et le soleil parut au bon moment juste avant que tout un chacun ne déprime complètement.
Les infinies étendues blanches laissent la place au gazons verdoyant- en réalité ce n’est pas tout à fait le cas. Toutefois les amateurs ou passionnés de jardinage sortent leur kit pour entretenir leurs plantes endormis par les grands froids un temps et réveillées par le feu vital du soleil.
La vie est tout autre lorsque les degrés croissent. Les personnes au contact de ce nouveau dehors ensoleillé- car l’heure n’est plus à s’enfermer , en attendant que la tempête passe- gagnent des couleurs, échangent leurs humeurs mornes pour plus de joie, les faces s’illuminent de sourire.
Le monde ainsi s’active, le vieux Québec autant que les petites ruelles serpentant vers Saint Roch sont investis par les passants, qui naguère avaient désertés les lieux.
Les terrasses des restaurants, des snack-bars, il faudrait presque réserver pour y avoir accès. Il est donc temps de faire couler la bière à flot, et de déguste de succulents chiens chauds-hot dog en Québecois.

Les modes vestimentaires changent ou devrait-on dire, totalement bouleversées. Fini les gros manteaux, les bottes de trente kilos. Bonjour les camisoles légères, les bermudas, les mini- voire micro- jupes, les espadrilles de fantaisies au milles couleurs.
Les québécoises resplendissantes arborent leurs lunettes fumées- c’est le règne incontesté de la mouche, sexy tout de même…
Dans les quartiers les cris des plus jeunes retentissent de nouveau : les petits gars retrouvent leurs ballons pendant que les petites filles souvent avec maman, sautent à la corde.
Bref, pour tout le monde, il est temps de faire le plein d’énergie, et de savourer pleinement les beaux jours du printemps en attendant l’été.

vendredi 20 avril 2007

L'amour remit au goût du jour par les jeunes couples québécois


Ceci s’adresse aux adeptes de «Lavalife», de «Meetic» et autres sites de rencontres de ce genre, ne désespérez pas à 20 ans à peine, l’amour, le vrai est accessible.
Les jeunes couples québécois en font la preuve irréfutable.

Me voici donc dans une chambre avec six jeunes femmes, toutes casées, qui me livrent leur manière de vivre leur vie à deux. La plupart d’entre elles connaissent leurs amoureux depuis pas mal de temps; cela va de quatre mois à quatre ans. Et d’entrée de jeu toutes affirment avoir rencontrées leur âme sœur, avec la plus grande conviction qui soit au monde. Vous trouvez ça quaitène? Vieux jeu? Ça leur passe pardessus la tête, dommage…!

Dites moi les filles comment avez-vous rencontré vos amoureux? À cette question ces grâces me donnèrent une foule de situation de la plus naturelle à la plus cocasse.
«Lors d’un show punk…», faut le faire!! Je note. «Devant un arrête de bus, cela faisait des siècles que l’on prenait le même bus sans que l’on ne s’adresse le moindre mot…ce jour là il me demanda l’heure de passage du bus…», veinard, j’en prends bonne note. « Je suis tombée amoureuse de mon moniteur de tennis», le sport rien de tel, il a le méchant don de laisser vaquer les hormones en toute liberté.
Malgré ces cas quelque peu insolites, mes hôtes m’indiquent que généralement les couples qu’ils connaissent et que certaines forment, sont le fruit d’amitié, c'est-à-dire que leur chum étaient «des amis d’amis». Une remarque qui survient assez fréquemment au sein de leur discours, est le fait de vouloir bâtir une relation visant le «long terme». Paradoxalement, toute ont fait leur rencontre de manière assez rapide, et à une d’elle de déclarer que «depuis le premier jour, je sais que je vais finir avec lui». Ainsi toutes nourrissent cette idée.

Une fois ensemble, la plupart des couples décident de vivre ensemble en appartement, toute une paire de manche, pourrait-il sembler. Les raisons invoquées pour expliquer la vie en commun sont nombreuses. «Vivre avec lui, tout simplement.» me dit-on. Avoir une vie d’adulte, prendre son indépendance par rapport aux familles respectives. L’idée, comme me le fait remarquer une d’elles, tient au fait d’avoir une vie à eux. De plus se fait entendre un cas particulier : « Je ne le voit pas assez, tous les étés, il part.»
Le choix de vivre ensemble s’avère très compréhensible et cela se fait surtout dans la mesure où toutes se plaignent du manque de confiance ou de la trop haute surveillance exercée par les beaux-parents –unanimement du côté des parents de l’amoureux. «Après plus d’un an je n’ai pas le droit de rester avec lui dans sa chambre, enfermés…». Dormir avec lui, il ne faut même pas y compter. Imaginez donc la frustration!
Les mères des chums semblent les plus irritantes même si toutes assurent les aimer. «Ma belle-mère, c’est une maudite névrosée, c’est la marde.» Le sentiment partagé par les belles-filles est que les mamans de leur chums « ont l’impression qu’on leur vole leur petit.» Elles ont pour certaines l’impression qu’il faille qu’elles fassent leur preuve. «Elle me croit incapable de prendre soin de lui.» Les pères sont plutôt retirés de ces histoires, mis à part quant ils se mettent à surprendre les jeunes couples dans l’intimité, et faire comme si de rien n’était.
De l’autre bords une fille affirme qu’elle ne «serait pas gênée de laisser [son] chum avec [ses] parents. Finalement les relations avec les parents paraissent bonnes.

Et financièrement est-ce plus avantageux de vivre avec son amoureux? «Oui», me répond on.
Mais avez-vous pris tout de suite l’importance de cet élément? « Non», m’affirme t-on clairement.
Aussi jeunes que vous êtes il n’est pas difficile de vivre avec quelqu’un? La réponse ne se fait pas attendre : «Non.»
Et les autres garçons ne vous attirent-ils plus? Elles me répondent que même si elles apprécie le fait de plaire encore, elle réalise la chance qu’elle ont : « Pourquoi risquer gâcher tout ça.»

Enfin, si les jeunes couples québécois ne cesse de m’étonner, a fortiori suite à cet échange, il n’en demeure pas moins qu’il y a un je-ne-sais-quoi d’authentique dans ce qu' affirment ces filles, qui rajeunit à mon sens le mythe de l’amour fou, même si je n’arrive pas à m’y résoudre…

jeudi 5 avril 2007

Frénésie des sorties de classe

Pour autant que je me souvienne, qu’il s’agisse d’une cloche ou d’une sirène, que l’une ou l’autre retentissent, provoque chez tous les étudiants une sorte de frénésie inexplicable. Le remue-ménage dans les salles de classe s’avère sans égal.

Longtemps je m’interrogeais sur ce qui poussait les étudiants à quitter une salle de cours avec tant de promptitude. Et j’en venais à la conclusion que si dans la culture grecque le temps dévoué à l’enseignement, était considéré comme passé pour soi, un véritable loisir, il n’en est remarquablement pas de même pour la génération qu’est la mienne.
On ne s’ébaudit guère plus de se retrouver confiné des heures durant entre quatre murs à emmagasiner et s’échiner à réfléchir à propos de pelletage qui pour beaucoup, de toute manière ne serviront à rien dans le long comme par ailleurs le cours terme.

Heureusement, il reste que certains jeunes esprits zélés, prennent la mesure et tout le bénéfice du temps consacré aux cours, des éternelles leçons à apprendre, des échéances toujours plus proches les unes des autres à respecter…des notes satisfaisantes, jubilatoires -et dans les moments de panne-, les minables que l’on récolte; fruits de notre travail acharné, passionné ou désintéressé.
Il semblerait que l’impression qu’il y a manifestement le feu au lac à la minute même, -voire à certains moments, où vraiment la patience fait défaut-, où est atteinte l’heure de quitter les lieux de cours, témoigne assez clairement de l’enthousiasme de la majorité des étudiants à cultiver leur esprit.
C’est une sorte de rituel, car décidément, même lors de cours fort enthousiasmant, une attitude similaire est à remarquer.
Les feuilles s’envolent, comme munies d’ailes; elles brassent d’un son saillant les aires. Claquent les classeurs, tombeaux des mots qui se referment avec vigueur et qui enfouissent dans l’oubli fuligineuse, d’une certaine manière l’âme du professeur, le fruit de son labeur, sa voix, sa pensée, pour les plus dévoués d’entre eux, une passion, l’amour de partager.
Les trousses comme les dents d’une scie affûtée, laissent entendre un bruit sourd, désormais les stylos, sont rendus mués, les billes reposées. Les sacs engloutissent le tout dans les profondeurs de leurs panses alourdies.
Viennent les cris des chaises, le grincement des tables. Dans ce tumulte percevez les «pardons» à répétition. On se bouscule, le feu a bien pris il faut quitter les lieux, on étouffe, les derniers à pouvoir quitter les lieux suffoquent presque …
Enfin chose étonnante dans les couloirs amassés en rang, par ordre de sortie, les amis s’attendent, l’atmosphère se détend. Le mal est loin maintenant, des rires jaillissent, les commentaires fusent, le cours n’est plus. Et les murs se renvoient les échos des voies qui dans les aires se sont éparpillées…

lundi 26 mars 2007

L'univers latin à Québec.




Il y a bien des choses avec lesquelles les québécois s’accommodent, ma foi fort raisonnablement. Parmi elles, le plaisir des sempiternellement trop courtes, mais définitivement langoureuses nuits latines. A ce propos Le Boudoir s’avère un lieu de pérégrination qu’il serait inenvisageable de ne pas fréquenter.

Le samedi y est jour de fête. Décidément, et malgré tout ce que l’on a pu me dire auparavant au sujet du Québec : ici il n’y a de froid que les hivernales couvertures laiteuses qui jonchent les sols, et tapissent les cieux. Pour tout ce qui reste la chaleur est de mise. Samedi soir donc, munissez vous, mes dames de vos plus beaux joujoux- en somme parez-vous du mieux que possible car la concurrence y sera rude et passer incognito serait pas mal regretté par la suite, simple conseil d’ami. Je n’ai pas oublié ces messieurs bien sûr, indispensable au bon déroulement des festivités… sachez danser «elles» critiques en crisse- cela ne vous dédouane pas complètement, soyez vêtus chics, tout de même.

Trèves de babillage, le lieu est surtout un espace socialement très intéressant, permettant de découvrir les diverses facettes que recèlent ces contrées au combien surprenantes.
L’univers latin à Québec ne devrait pas se limiter à une vision de type «maudits immigrants», comme j’ai pu à de rares fois l’entendre- une pour être honnête. Le Boudoir c’est le Québec. J’entends par là que la place, à l’image de la ville regorge de nationalité. Dans ce brassage ethnique, se mêlent beaucoup d’hispanophones, surtout provenant d’Amérique du sud, un grand nombres de québécois et enfin quelques africains. Même si elles se réservent quelques petites gènes en début de soirée, ces divers communautés se dévergondent bien assez tôt sous les rythmes furieux et colorés de la salsa, de la rumba, du merengue, de bachata, et autres sons latinos…

Lorsque l’on observe plus attentivement la clientèle, on réalise que c’est un véritable bouquet. Les âges ne se comptent plus tellement ils sont variés. Manifestement, de 18 à 60 ans, les couples s’adonnent sans réserve aucune, à une passion qui se lit sur leurs visages épanouis. On y danse sans modération.


L’insertion des immigrants dans la société québécoise, malgré les récentes polémiques liées à l’«accommodement raisonnable», semble- selon une vision, je l’avoue quelque peu limitée- un processus en bonne voie.

Pour ce qui est des communautés latines, de manière plus spécifique, un pas a été effectué tout fraîchement. Je pense à un programme télévisé qui a été lancé ce 20 mars et qui s’adresse -comme il y en a déjà beaucoup actuellement, en anglais- principalement aux hispanophones. Cela pourrait paraître dérisoire comme démarche, mais force est constater que c’est là une tribune accordée aux hispanophones, une place au sein de leur pays d’adoption : Québec.


samedi 17 mars 2007

Ouste...l'Église!







La perte de vitesse que connaissent les institutions religieuses à Québec, rend compte des antagonismes qui les opposent à la société québécoise actuelle. Et le sort réservé aux édifices religieux s’avère un des témoignages de ces dissensions : entre fermeture, transformation en condo, multifonctionnalité, et autre «façadisme»… la religion à Québec ne se dirige-t-elle pas tout droit vers la casse?

Il est aisé de constater l’effritement des valeurs religieuses à Québec au sein de la jeune génération. Parmi certains universitaires interrogés à ce sujet, une étudiante clamait ainsi sa total indifférence : « J’ m’en calice, ce n’est même plus une question qui se pose…!». C’est donc bien un fait. La nouvelle génération de québécois s’en calicent de la culture religieuse et voilà tout.
Il semble que le traitement réservé à certains lieux de cultes, fasse la preuve de la perte des valeurs liées au sacré. Assiste-t-on à une vague déferlante de laïcisation de la ville qui se porte en faux contre toute l’Église? En vérité comme l’explique l’Abbé Dufour rencontré dans les locaux du ministère du patrimoine, ce qui peut paraître un symptôme de rejet du religieux à Québec, est sous-tendu par d’autres phénomènes, qui permettent de saisir plus en profondeur ce qui est ici enjeux. Certes laïcisation il y a, mais contrairement à la France par exemple, il ne s’agit pas d’une laïcisation de confrontation, sinon de collaboration. La collusion qui a eu lieu durant les années 1940-1950 et qui a aboutie à la « révolution tranquille »-1960- se fit justement sans dégâts. Elle donna lieu à une forme d’entente entre les autorités religieuses et gouvernementales. Pour preuve le transfère des propriétés de l’Église à l’État, n’a pas pour autant révoqué la voix des religieux, qui demeurent des interlocuteurs de premier ordre quant aux problèmes relatifs à ces biens. Ceci résulte du fait que le gouvernement a une dette lourde envers les autorités religieuses qui ont su doter le Québec- à ses balbutiements- tout au moins d’infrastructures tels que : écoles, hôpitaux, caisses populaires. L’Abbé Dufour n’a pas manqué de faire remarquer que nombres des caisses populaires naissaient dans «les sous-sol d’église», faisant référence à la caisse Desjardins entre autre.
En outre comment biffer l’importance capitale du religieux à Québec lorsque l’on observe que moult voies de circulation portent des noms tels que : le boulevard Saint Joseph, chemin Saint Louis, chemin Sainte-Foy … que certains villages sont encore identifiés grâce à leur clochers? Voici la preuve de la persistance du religieux, malgré tout.

Il n’en demeure pas moins, que des églises et des monastères sont fermés. Dans Saint Roch, c'est le cas de l’église Saint Jean-Baptiste. L’église Notre Dame de la Paix, en 1970 a été désacralisée pour la construction d’une autoroute, et depuis transformée en condo. Pensez à l’église Saint Esprit qui abrite désormais l’École du Cirque. Mais ceci est moins lié au ressentiment -effectif- des Québécois envers l’Église qu’à l’urbanisation des centres villes, toujours selon l’Abbé Dufour. Le phénomène renvoie tout en périphérie; le centre désormais rendu trop dynamique, trop bruyant pour que les riverains veuillent y demeurer.

Ne reste plus que la volonté dès lors, de conserver des églises leur valeur symbolique, historico-culturel. C’est un patrimoine à «identifier, protéger, transmettre et gérer»; cependant que se livre au sein du conseil des monuments une vraie «guerre des clochers», entre pro et anti-façadisme -; l’exemple le plus probant étant le cas de ce qui reste de l’église Saint Vincent de Paul.
Enfin, à Québec le religieux se serait-il mu en une forme d’ameublement du paysage? L’identité culturelle en folklore et les églises, en éléments de décor…


Ces transformations que connaissent les édifices religieux ont tout pour me choquer. Provenant d’un pays comptant grosso modo 90% de musulmans, et ayant baignait dans cette culture toute mon enfance, il me semble que le sort réservé aux églises, monastères et autres relevé presque du sacrilège. Il est vrai que jamais une mosquée chez moi ne pourrait être utilisée à d’autres fins que le culte…cependant je concède que nulle révolution comparable à la «tranquille» n’eut lieu chez moi, ce qui me donne à penser qu'en terme de laicisation il nous reste du chemin à parcourir. Nous ne sommes pas encore en mesure de contester l’autorité religieuse de quelque manière que ce soit.

vendredi 9 mars 2007

Une femme de velours aux prises avec une existence de fer


Si les résultats pour l’année 2004 démontrent que les québécois travaillent moins que les autres Canadiens; une femme, une, de ma connaissance balaie d’un revers de la main, à elle seule, ce constat.
J’ai nommé Julie Papillon, 21 ans, étudiante à plein temps, salariée à plein temps…


Ne vous fiez pas, à tord- soyez s’en certains- à son éternel sourire aux lèvres, son air de furieuse toujours crinkée, ses yeux pétillant. S'il est vrai que c’est une passionnée… dessin, photo, musique… sa vie se teinte de couleurs, se remplit d’images, résonne de notes en tout genre… elle s'avère plus fourmi que cigalle.

Difficile de croire que ce bout de bonne femme effectue en moyenne 34 heures de travaille par semaine, tout en poursuivant ses études et s’adonnant à ses diverses passions. De son propre témoignage, elle concède être beaucoup trop dissipée, et quand je lui dis qu’un peu d’organisation lui ferait le plus grand des biens, elle me rétorque que cela la tuerait plutôt- en effet elle se veut une sorte de rebelle aussi; opposée à toute forme de sclérose, d’ennui ne lui dite jamais que vous êtes fatigué, tanné, le danger couru…«vous ne voulez pas le savoir!!»

Le Dag du mercredi au jeudi et Wal-mart du vendredi au lundi, sa cadence est une valse à «N» temps qui jamais ne s’arrête. Ce rythme endiablé Julie l’emboîtait dès ces 14 ans. Petite barmaid, elle confie avoir été payée cinq dollars de la journée pour une tache pour le moins harassante.« C’est le prix à payer pour être indépendante» et pour rien au monde –«ou bien peut-être pour les beaux yeux d’un petit milliardaire, ironise-t-elle»- elle ne changerait son plan de match actuel.

Ses différents lieux de travail sont la scène de milles et une anecdotes et aventures extravagantes. Entre les crouseurs de minuit au Dag et les protestataires patentés- des services après vente- de Wal-mart, les histoires abondent.
Tenez un soir me raconte-elle, au bar, lorsque deux heures sonnent, que les clients affluent, se bousculant pour récupérer leurs manteaux -derrière le comptoir à vestiaire qu'elle tient- avant de crisser leur camp, une bonne dose d’alcool parcourant leur sang, un drôle ayant perdu son ticket se présente à elle et lui somme de lui remettre son bien. Julie tache de le retrouver, après description du dit manteaux, mais exige comme le règlement le stipule- dans ce genre de cas- une pièce d’identité. Chambardement et crise!!! Une meute de personne s’amoncelle pour être aux premières loges et profiter du spectacle. Accablé, notre héroïne tente de s’expliquer et là devant tout cet auditorium, le client décidemment inspiré, feint; un regards sur son coté droit, puis le gauche, derrière lui- nez à nez avec un mur- et enfin avec aplomb fulmine : «c’est…à moi que tu parles…!» comment garder la tête haute, ne surtout pas s’emporter,et réagir à cela… aïe, j’en frissonne…
À Wal-mart pensez vous que ce soit mieux!? Pensez vous que se faire traiter de «grande noire à lunettes» soit plaisant? Et pourtant c’est une arnaqueuse de bonne femme qui pour se plaindre l’affubla de ce nom. Arnaqueuse, car ayant reçu les photos d’un autre client à la place des siennes, au lieu de les réclamer et s’en tenir à ça,cette dernière se fit amplement dédommager, pour l’incident. Mon doux, que d’expérience!
Son sort, définitivement, est celui de plusieurs femmes à qui je souhaite une bonne journée internationale de la femme et bien du courage.

Boterro ou le monde en gros.






Pour ceux qui ne le connaissent pas du tout, né le 19 avril 1932, Botero est un artiste colombien dont la spécificité de l’œuvre tient en une vision macro du monde, des personnes, et enfin des objets. Sa pratique diversifiée s’étend de la peinture à la sculpture. Cependant qu’il traite avec la même amplitude ses personnages, dans un champ comme dans l’autre.

Pour moi, «BOTERO», ça sonnait poupin…tant que prenait forme en ma tête la vision d’un artiste à l’image de son travail: gras, et rose…Je m’étais imaginé une manière de sumo latin triplé d’un peintre et d’un sculpteur - quoique l’idée soit quelque peu farfelue, j’en conviens.
Quelle fut ma surprise lorsque que je découvris sa face!
C’est donc cet artiste hors classe que l’on expose au musée des beaux arts de Québec.

Monumentale et rondelette, une main d’un calibre aussi saisissant que bouleversant- paraissant d’une infinie douceur -, vous introduit d’un geste languide dans l’espace réservé au maître. C’est une invitation vers un monde de volupté, où règne un silence envoûtant. Pénétrez son espace intérieur, presque une alcôve, où sur un drap de bronze se trouve échouée, la maîtresse des lieux, reposant là... Une Vénus replète, superbement nue, espère la visite de ses amants, voire amantes. Elle attire votre attention, voudrait que vous lui fassiez le tour- celui de ses fesses rebondies, de ses seins fermes de «Barbie», façonnés dans un métal hâlé. Elle sait sa féminité, et c’est de l’air dédaigneux des majestés qu’elle vous accueille; un rictus malicieux aux lèvres. Une de ses jambes levées, fait littéralement un pied de nez aux femmes de nylon, qui passant là, lui jetteraient sûrement des regards réprobateurs.


Ces traits sont fins, gages de l’amour du sculpteur pour sa création. Il vous faut observer ses yeux en amande, ses pupilles cuivrées, pour lesquelles l’on se damnerait, son petit nez aquilin, et sa bouche telle qu’une promesse de baisers éternels…
Botero, c’est donc une grâce féminine loin des canons de l’art auquel on est habitué. Cette volonté de rupture avec un certain code représentatif, il la manifeste en pensant d’une nouvelle manière les pères de l’humanité. Adam et Ève sont imaginés et peints avec l’abondance caractéristique des oeuvres du maître. Ainsi, Botero nous fait dire que les enfants- œuvres à venir- qui naîtront de ce couple leur ressembleront. L'artiste détourne le mythe consacré, au profit de sa propre vision de peintre, pour fonder son œuvre ultérieure. Son langage pictural répond à des normes qui lui sont propre, toutefois ses références artistiques paraissent dans son travail.

Inspiré depuis son plus jeune âge, par les grands maîtres classiques- qu’il parodie dans nombre de ses toiles-, Botero va faire siens certains principes de ceux-ci- privilégiant les idées de raison, de retenue et de maîtrise dans la création. Ces principes vont être à l’origine de la texture toute particulière de figures de l’artiste. Ces procédés créent l’illusion de réalisme autant qu’ils offrent au regardeur une vision lénifiée, harmonisée de l’oeuvre, qui a pour effet de reposer son regard. A ce réalisme répond donc une idéalisation du corps. Les rondeurs nues semblent particulièrement musclées; en fait il ne serait pas possible de rencontrer des femmes réelles avec autant d’embonpoint, tout en demeurant aussi vigoureuses.

Un autre volet de l’art de Botero, c’est son statut d’artiste engagé. Le peintre se veut le témoin de sa société. Autant qu’il remet en cause les canons de l’art, il interroge les normes et critères de beauté admis par le monde occident. Contre les femmes-caoutchoucs - refaites des pieds à la tête- et osseuses, produit de l’iconographie publicitaire, il propose ses femmes de chair. En effet l’enfants des quartiers pauvres de Colombie eu à côtoyer ces muses aux formes généreuses –qui rappellent les mélanges africains et indiens. Loin des chimères télévisuelles, le maître vous met sous les yeux la réalité des corps humains. Au cas où vous ne voudriez décidément pas les voir, c’est en taille « XXL» qu’il les peint. Il donne un espace au premier plan- dans le cadre de la toile- à l’ordinaire, le magnifiant du même geste. Il fait retour sur l’humain, la chair, les imperfections, en somme ce qui fonde la vie. Son art transfigure le quotidien, fait du milieu social le terroir de sa production. Il sonde, la misère, la prostitution, la détresse, les catégories sociales, les catastrophes naturelles, les joies, l’amour et ainsi donne un sens artistique à l’existence humaine.

C’est aussi de manière amusée, ludique qu’il observe la société. Il régénère ainsi le fameux « Castigare ridendo mores». En effet, il n’est pas possible de passer à côté de la bouffonnerie de ses personnages obèses, cependant que toute la dynamique sociale emprunte à son œuvre appelle à une réflexion plus dense.
Bienvenue donc dans cet univers métissé, où le grossier côtoie la finesse, le rire la réflexion, la mort la vie, une œuvre et vous…son public.

lundi 26 février 2007

Riopelle vue par Roseline Granet… l'art québécois

Je ne connais que très peu Riopelle et j'avoue ne guère vouloir pour l'heure proposer un commentaire exhaustif de son travail.

Il me brûle de vous en parler, avec simplicité, à la manière dont il m'a été donné de le découvrir ; par un pur et délicieux hasard. D'ailleurs, ce n'est pas lui comme artiste, que je découvris, mais la perception singulière, traduite artistiquement, de lui, par Roseline Granet, sur laquelle je tombai nez à nez.

C'est au troisième étage, en direction de la tourelle du Musée des Beaux-arts, si ma mémoire - qui aime à me taquiner - ne me joue pas encore des tours, que je le rencontrai… comme l'on croise dans le vertige des songes, en certains lieux fantasques, des êtres surnaturels…

Voici Le grand fauteuil - une sculpture en bronze -, installée là devant le regard des passants, leurs discussions intelligentes, coup de cœur, écoeurement, au sujet d'œuvres vues lors de leur visite ; confiné dans un étroit espace, entre trois murs et des marches, presque un petit intérieur de maison, en tout cas dans une absolue intimité. Un hibou de bronze au mur, aux allures de totem rappelle qu'il s'agit bien de l'environnement de l'artiste, son univers.

Je circulais autour de l'œuvre, m'approchais, reculais, et me fascinais de la présence fulgurante de cet amas de bronze. Alangui dans son siège, fondu dedans littéralement, un homme, ne faisant presque plus qu'un avec. Le traitement du bronze, créait l'illusion que ce dernier était en processus de fonte, donnant dynamisme, et histoire, à cette masse rigide.

Le tour de force accompli par l'artiste réside éminemment dans sa capacité à rendre fluide, érodé, ce bloc d'airain.

On s'imaginerait, en regardant cette œuvre, « un homme à la nonchalance provocante, trop familière, voire beaucoup trop sans-gêne d'ailleurs, pour avoir une place quelconque au Musée. »

On pourrait y percevoir un ivrogne braillant, et demandant qu'on lui serve un énième verre ; un pitoyable saoulé. Sans doute, un de ces artistes au talent pour jamais dénigré, un «maudit».

Je le pensai un instant mort, il serait de ceux qui mourraient dans un bus voire dans un musée - peu importe le lieu - sans que personne n'y attache d'importance, un déclassé… la sculpture est tant emprunte de mélancolie, qu'elle me paraît être l'évocation même du pathétisme de notre existence. De la décrépitude inhérente à notre statue de vivant, donc de mourant… elle met en scène notre attente résignée sur terre d'une mort chronique ;la décomposition humaine semble avoir été figée un instant dans le bronze, tout en menaçant, de son imminente achèvement. Et soudainement, ce bougre sur son siège ne serait plus que poussière, retournant à la poussière.

Enfin, cette emphase spleenétique évidente de l'œuvre n'a d'égale que sa force poétique. Celle-ci parle à son spectateur et l'interroge sur lui-même ; sa taille presque humaine, une ressemblance certaine du personnage sur son siège avec Riopelle, la manière singulière dont il occupe l'espace du musée, crée un sentiment de proximité, d'identification avec le visiteur. Ainsi, l'anthropomorphisme compose avec la capacité qu'a la sculpture de nous narrer une petite histoire, pour peu qu'on s'attarde un instant et qu'on l'observe… et la matière accéder à la vie et nous la faire partager, un temps, celui d'une pause rêveuse…

mercredi 21 février 2007

Luz et Chahercito...




Il y a un mois environ débarquait le Pérou sur l’Avenue des gouverneurs. Je ne vous dis pas le chambardement. Ses trois grosses valises grinçantes et beaucoup trop lourdes pour sa petite personne annoncèrent le ton. Je ne le savais pas encore à ce moment-là quand, pour la première fois, elle mit ses pieds dans la maison, mais les choses allaient bouger…


Cela faisait environ un mois aussi que je menais une vie paisible dans mon petit chez moi, en harmonie avec mon autre colloque : Guillaume le sage. Oh, je savais que quelqu’un venait, j’avais même avec Gui spéculé longtemps sur l’allure qu’elle pourrait avoir, à vrai dire j’en avais une idée bien arrêtée : du prénom Luz - comme vous vous doutez, qu’elle s’appelle - et de son titre de docteur, j’imaginais une petite grassouillette à lunettes, «timidette», gentillette, mais bien laide.

Petite, certes oui. Mais tout le reste, dans mon ingénieuse déduction, devait prendre l’eau. Jusqu’alors je ne sais si sa venue est un « don du ciel » (comme elle-même aime à me le répéter) ou plutôt une malédiction. Le moins que je puisse dire, c’est que sa venue ne passa pas incognito. Dès les premiers jours, ce phénomène animé fit preuve d’une capacité sans égale d’adaptation. En moins detemps qu’il ne faut pour le dire, elle prit possession des lieux. La maison, dorénavant, n’était plus mon royaume : il fallait le partager. Un élan de bonne humeur permanent emplit notre demi-sous-sol. Ça chante, cuisine, sautille, Luz est réveillée. Oh, elle danse aussi tout au tour de la maison, des heures durant. Au fait, maintenant je me nomme «Chahercito» : oui c’est un diminutif de son cru… mes aïeux, elle m’a même rebaptisé…

L’expression péter la forme a sûrement été inventée lors de sa naissance - je pense - juste pour définir son état permanent de gaieté. Je suis persuadé aussi que Dieu nous a tous fait à l’image d’un autre, utilisant un même moule. Or je demeure sûr qu’il brisa le moule « Luz » après sa création… « ne jamais refaire la même erreur »…!

Pour vrai, cette femme, je l’aime. C’est ma chum de meuf et pour rien au monde je regrette que nos chemins se soient croisés. Bien que je n’ai de cesse de lui répéter que je ne comprendrais jamais pourquoi de tous les gens sur terre, je dus tomber sur elle…donc que cela reste entre nous… hein!

C’est en quelque sorte mon âme sœur…Cette chipie aime à me dire, goguenarde, que « certainement je suis l’homme de sa vie… », mais qu’elle changerait de moi quelques broutilles : elle me voudrait blond aux yeux bleus… rien que ça… autant dire que c’est mort…!

Si par un jour de froid et de déprime vous passez par l’Avenue des Gouverneurs, passez donc la rencontrer. Je vous promets de repartir à tout jamais bouleversé … peut être même avec un autre nom, qui sait…

dimanche 18 février 2007

Mon p'tit coin de pays...

Maintenant, des océans me séparent des Comores, petit bout du monde entre Madagascar et l’Afrique. Les Comores, c’est quatre îles dont Anjouan, où je naquis. Loin d’être un quelconque souvenir dans un placard de mon esprit, comme des oiseaux bariolés de mon île dans une cage dorée, mon archipel, et tout ce qu’il incarne, se sont mués en un mode de vie. Je respire, je vois, je touche, j’entends, je ressens et j’agit en comorien. Pas que ce n'eut pas été le cas auparavant, mais c’est avec une acuité nouvelle, amplifiée, que je me sens comorien aujourd'hui, à cet instant.

En moi, se mêlent les cultures multiples à l’origine de ces territoires à l’histoire haute en couleur, habités de batous, de portugais et d'arabes. À tout point de vue, les Comores constituent un carrefour; entre l’Afrique, l’occident et même une partie de l’orient. Ces rencontres multiples ne se firent pas sans heurt, néanmoins, il en ressort une richesse culturelle sans borne, autre que l’état déplorable dans lequel se trouve actuellement, ces sortes -paradoxalement- de paradis sur terre.

D'ici, je me rappelle la rivalité entre le bleu radiant de nos cieux, le vert vertigineux de nos mers, et la terre -mon dieu- noire, d’où les enfants du pays puisent leur teint caramel. Je me rappelle les brousses où germent le manioc, l’igname et les patates douces dont sont faits les mets épicés passés de mères en mères pour le plaisir des hommes. Je me rappelle les désaltérantes boissons au coco, bus d’une seule gorgée lorsqu’à midi le soleil (qui veille à ce que l’on ne palisse pas) brille de milles feux.

Parviennent à mes oreilles les rythmes endiablés des tam-tams et percussions de fortunes, accompagnant nos fêtes multiples...l'entendez-vous?

Entouré de mer, nous nous servons de pirogues dans lesquelles mon père et moi embarquions pour des jours de pêche. Les îlots à proximité, souvent, lorsque distraits par la pêche, la nuit aux étoiles éclatantes nous avait gagnée, nous offraient l’hospitalité, juste pour la nuit... et le son continu des vagues caressant nos pieds nus, bercé nos oreilles d’un son mélodieux. Ainsi le lendemain, la dorade majestueuse, le thon, la bonite et -les jours de chance- de petits requins, mangeaient à nos hameçons. Ces moments, comment en perdre la saveur...?

Une fois sur terre, ce sont les enfants qui accourent pour plonger dans l’eau, tête première, pendant que les mamans choisissent le meilleur poisson pour le mtsolola, le mataba ou le mvoungué pour le souper.

Une fois de retour sur terre, voyez ces quelques pieds nus, ces maisons en terre, en tôles, ces routes usées -seulement réaménagés le temps de la visite d’un politique blanc.

Mais la vie n’est pas toujours rose, aux Comores. Cela fit déclamer à un poète interrogé lors d’une veillée dont je me souviens, ces mots avec aplomb: « Ici, l’on chante, conte, danse et rit pour noyer dans sa dernière bière la misère ».

Et tant la naïveté que la réalité de ces propos habitent l’esprit de tous les Comoriens, en attendant que cela bouge.

Mon p'tit moi ou ma petite histoire...

J’suis un petit bledard, bien chanceux... dont l’esprit d’aventure a été très tôt nourri par la certitude qu’au delà des Comores, tout un monde reste à conquérir. Non avec des armes, ni même avec la volonté de tout m’approprier sur mon passage, à l’image d’un conquistador des temps modernes. Sinon, par mon unique et intarissable envie de voir, d’expérimenter, de vivre...

Le petit Comoco, comme l’on dit chez moi - les Comores - connut les ailes d’airain de ce géant des cieux et débarqua un beau jour de froid en France.

Je me souviens les récits des aînés revenus de ces contrées couverts d’écume céleste; ils nous contaient les gens de là-bas, leur couleur-lait, leur nez kilométriques, leur manteaux gigantesques, leur femmes de nilon, fine comme des bâtons, mais à la chevelure dorée.

De mes yeux, je vis des routes interminables, en voiture connut des vitesses ahurissantes, et des paysages à des lieux de ceux de mon pays natal.

Je vis l’espace, des hectares laissés la sans le moindre paysan, cultivateur. J’imaginais tout ce que l’on pourrait y récolter, tout le monde que l’on pourrait nourrir...

Puis dans la ville, les immeubles réduisant l’homme à son état de goutte d’eau au sein de l’univers, ne pourrait- on pas toucher le ciel de là haut? Certainement que oui...

C’étaient comme des forteresses, pour protéger la ville d’ennemis dont la taille devait être immense... à quoi d’autre serviraient les pointes au dessus de ces bâtisses, que d’empêcher quelqu’un de les franchir...?

Ainsi, dès les premiers instants je sus que toutes ses questions, bourdonnantes, comme les abeilles jaunes et noirs de mon enfance, obtiendraient toutes une réponse. Il fallait uniquement attendre, observer et ces mystères se résoudraient.

Cependant dès le lendemain, dans le train pour la province, pour Caen : « en Basse-Normandie » - avais-je appris minutieusement, je me rendais compte que les aînés avaient omis tant de choses dans leur récits. Durant le voyage, je vis des moutons, des vaches énormes, des cochons, des chevaux majestueux, au travers de la vitre... C’était dont bien la campagne là-bas, sale et puante, pensais-je, loin du faste, du luxe et du monde urbain... les tramways, les magasins chics, les femmes élastiques, les autos au prix élucubrant... et j’en passe.

Peu importe, lorsque je fut en contact avec ce monde, par le biais des vitrines de magasins, je m’en lassai vite...

Mes études prirent le dessus sur mes questionnements naïfs de départ et une fois m’être installer dans le décor caennais je n’avais plus qu’une seule idée pognée en tête, calicer le camp pour ailleurs... la suite si je me lasse de Québec...

La solidarité québécoise...

Je voudrais tout d'abord présenter mes sincères condoléances à la famille Morin. Mercredi dernier, alors que la première grosse tempête faisait rage à Québec, disparaissait Alexandre Morin, un jeune athlète de 16 ans vivant à Sillery. À la suite de trois jours de recherche acharnée, son corps était retrouvé sans vie au pied d’une falaise à côté du garage municipal de Sillery.

La tragédie à laquelle toute une famille est confrontée touche de toute évidence chacun de nous à Québec, et à plus forte raison à Sillery. Je suis étudiant étranger provenant des Comores et vivant sur l'avenue des Gouverneurs. Mon sentiment confine à celui d'un résident des lieux face au drame. Habitant de Sillery depuis seulement quatre mois, je me sens ici chez moi, dans mon quartier. Et c’est avec la même peine que les citoyens de longue date du quartier que j’accueille le drame.

Il ne me semble pas étonnant que ce soient des bénévoles qui retrouvèrent Alexandre. Depuis le début de la semaine, ce fut un exemple poignant de solidarité auquel j’assistai. Tous les amas de neiges environnants furent ratissés. Les emprunts des pieux cherchant désespérément la victime sous les amoncellements de neiges, dorénavant, blesseront par l'émotion que provoque un tel geste, les regards des passants. Des bénévoles de tout âge s'acharnaient, scrutant le moindre centimètre, de jour comme de nuit. Au début, je les pris pour des jeunes s'amusant, mais devant l'ampleur du mouvement je questionnai et apprit ce qui se passait.

C’est déchiré que je reçu la nouvelle de la mort d’Alexandre quelques jours plus tard... néanmoins, je garde la conviction qu’un tel élan de solidarité mérite le plus grand des respects.

Tout pour que cela n’arrive plus!

La tempête fit sa première et, je l’espère, à jamais sa dernière victime à Sillery; les forces de la nature sont au-dessus de nous. Malgré qu’au Québec l’on soit aguerri à ces formes extrêmes de manifestations, la vigilance de tous demeure de mise.

mercredi 14 février 2007

Un vent de folie sur Québec...!

L’attente fut longue, mais le jeu en valait la chandelle. Lorsqu’aux environs de vingt heures, la parade du Carnaval fut lancée, ce fut le comble pour nos chères têtes blondes québécoises, comme pour les plus métissées, d’ailleurs. Le coin de la rue Cartier et René-Lévesque, l’espace d’une heure, reprit vie pour le bonheur de tous.

Tout un arsenal festif défile devant les regards ébahis de la marée humaine, prête à déborder par-dessus les rubans de sécurité visant à la contenir.

Ça y est, le bal est ouvert par les gardiens de la paix, en motocyclettes, convertis pour un temps en saltimbanques. C’est la première fois que je vois les représentants de l’autorité aussi gais; leurs mains brassant les airs saluent la foule, par des gestes affectueux, tandis que celle-ci, le leur rend.

Ensuite, l’un après l’autre, passèrent la vingtaine de chars de la parade. Sur chacun d’eux les danseuses au sourire émerveillé et leurs partenaires. De partout, éclatent les couleurs, contrastant fortement avec le blanc des trottoirs enneigés, eux-mêmes teintés peu à peu par les bottes des passants. Parviennent à nos ouïes différentes mélodies. En effet se mêlent les cris d’acclamation et le rythme furieux des tunes préférées du public. Cette musique commerciale rencontre l’indéfectible musique du pays. Les danseurs exhibent, fiers, par les pas, les tours de mains, leur savoir-faire ancestral.

Nombreux sont les acteurs de la fête. Voici les acrobates, et hop… salto, puis double salto…roues en tout genre, cabrioles et j’en passe…

Retentissent les applaudissements, pour les chorégraphies majestueuses, modernes, underground…

Surviennent les tambours muets des mimes, dont le son de leurs instruments inaudibles, pour les non-initiés, est gracieusement repris par d’autres faiseurs de sons. Il ne fallait léser personne tout de même.

Avec le rodéo, se fit entendre le country, les cow-boys ou plutôt les cow-girls. Ils occupent dorénavant la place : sur leurs têtes, les chapeaux; autour de leurs doigts s’affolent les révolvers et aux pieds leurs santiags. Les lassos figés qui jamais n’attraperont quoi que ce soit les côtoient; sur leur char, une montagne, des bottes géantes…

Enfin parviennent à nos oreilles les ravissements du Chili, pays invité. Que calor!!! Le ton s’accélère, l’atmosphère tout d’un coup se réchauffe…plus que de raison. Et les sonorités du sud enivrent!

Ainsi durant à peu près une heure, le Québec ravit ses enfants, pure laine et ceux issus d’adoptions, ses immigrés multiples, s’esclaffant de rire et de joie.

Enfin seul l’écho de ce tumulte nous parvient; et silencieusement, s’insinuent les gens dans les bars, tandis que sur place s’effacent les derniers rires…
Photo: Courtoisie du Carnaval de Québec

lundi 12 février 2007

Trois heures de trente femmes trois fois par mois... c'est l'enfer!!!

Vous êtes vous déjà imaginé un harem de trente femmes... rien que pour vous! Le paradis me diriez vous certainement? Et bien détrompez vous... c'est un véritable CAUCHEMAR!!! Mon cours de pratique orale en espagnol se trouve entre les mains de sortes d'amazones dont l’arme la plus redoutable est leur babillage. À ce point que, d'une certaine manière, elles excluent toute présence masculine.

Les définir une par une n’a que très peu d’importance, trop long à faire... aussi; car une chose les caractérisent toutes: elles papotent en tabernacle.

Le cours de pratique orale, ma foi, très vite, prend les allures d'un salon mondain, où la consigne -comble du snobisme- serait de converser en espagnol; on nomme cela mêler l’utile à l’agréable.
A bien y réfléchir, elles forment un microcosme assez représentatif de ce que l'on peut avoir comme stéréotypes des conversations féminines. En effet la classe se compose en grande partie de québécoises, viennent se joindre au salon une française et une allemande.

Il est alarmant de constater que toutes ces femmes, de toute évidence fort intelligentes, ne font guère mention de leur domaine d’études, le déploiement magistral du verbe tel qu'elles l'emploient n’a pour objet que lui-même... leur chum, leur popote et tant d'autres hauts faits de ce type, sont le fil directeur de leurs conversations. Toutefois, il arrive que la professeur, gagnée un temps par un fulgurant moment de lucidité impose le silence, pour assurer elle-même la direction des discussions; pendant ce temps s’échangent des tracs, sous les bureaux, poursuivant ainsi dans un silence à tout moment réversible, la sempiternelle jacasserie.

Croyez- vous que la voix d’un homme puisse occuper une place quelconque dans ce brouhaha? Sa voix intérieure s’exprime seule, ricochant sur les parois caverneuses de son unique refuge, sa tête. Ce qui est expérimenté, c'est le douloureux "complexe de castration". Lors d'un cours de pratique orale, quelle frustration plus grande que de devoir se taire...?

Néanmoins, lors d’un cours ayant pour objet de débat l’euthanasie, le silence fit place à l’émotion... et c’est avec une acuité sans comparaison que les tenantes des lieux débattirent, durant les trois seules heures, qui pour un homme ne parurent pas une éternité, sur ce thème.

Nari wonané...