mardi 26 juin 2007

Un noir dans les rues de France sera toujours un immigré.


Les défenseurs d’un ministère controversé de l’immigration et de l’identité national, créé par le président Nicolas Sarkozy, ont tort.
Ceux-ci comptent s’en sortir en démontrant qu’il s’agit d’un problème purement linguistique et tel n’est pas le cas. Substituer par d'autres, les mots employés pour nommer ce ministère afin d'atténuer la polémique, n'étouffera en rien le débat en cours.
Les français d’origine étrangère représentent-ils une sous catégorie de français?

Acquittons nous de la question des étrangers immigrant en France, pour ceux-là, il semble qu’un tel ministère soit utile- pour qu’ils puissent se familiariser avec les valeurs ancestrales de la République -même si cela se discute.

Il est clair que la question de l’immigration s’inscrit dans la liste des sujets sensibles dans ce pays. Là où l’affaire devient particulière à la France, c’est quand on se penche sur le visage de ces immigrants qui font tant parler d’eux. Ils sont français d’origine africaine pour la plupart. En 2004, ils représentaient 400 000 personnes venant d’anciennes colonies françaises, parmi les quatre millions d’immigrés peuplant le pays (selon l’Insee). Et c’est envers eux que ce ministère est illégitime.

L'échec de la politique de décolonisation menée par la France, perpétue l'impression de rejet des français venant de ces ex-colonies. En effet un français-noir malgré ses efforts ne se sentira guère reconnu comme tel, par son compatriote blanc. Un noir se fera toujours contrôler par les forces de l’ordre, jamais un blanc. Ainsi c’est de français à français que rien ne va. Avec ce ministère considère-t-on que les français de la Réunion, des Antilles et d’Afrique etc. sont des étrangers en France. Pour autant exiger qu'ils s'«intégrent», n'est pas considérer que les valeurs de leur propre patrie leur sont étrangères?

Tel que le laisse entrevoir sa dénomination, ce ministère renforce la discrimination territoriale dont souffrent une «catégorie» de français. À quoi d'autre rattacher un tel ministère, quand les français d’origine étrangère ressentent déjà nettement cette idée qu'ils sont des français de seconde zone?

Les Sarkozistes engagés affirment que le but visé tend à éradiquer les communautarismes et ainsi donner une cohésion plus forte à la nation. Oui, noble intension! Mais pour permettre l’insertion de ces français, il suffirait de les reconnaître, politiquement, économiquement et surtout socialement. Comment pourrais-t-on aimer notre mère-patrie si l’on s'identifie comme étant son fils indigne?

D’autres pays ont choisi une politique d'immigration contrôlée -comme le Canada- cependant, leurs immigrants ne se voient pas confrontés aux mêmes difficultés qu’en France. Le problème de l'immigration, africaine de surcroit, empoisonne l'air de tout le monde en France, contrairement à Quèbec. Il semble que ces mêmes personnes indésirables en France soient perçues comme des modèles de réussite à Québec. Par ailleurs, là-bas, il semble que tout soit mis en œuvre pour qu’ils se sentent chez eux dans leur pays d’adoption. Alors que les enfants de la France sont considérés comme des immigrants sur leur terre, et par conséquent mis au banc de la société…il faut interroger la légitimité d’un tel ministère ou se résigner à tirer les conclusions de rigueur qu’impose une telle démarche.

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