samedi 17 mars 2007

Ouste...l'Église!







La perte de vitesse que connaissent les institutions religieuses à Québec, rend compte des antagonismes qui les opposent à la société québécoise actuelle. Et le sort réservé aux édifices religieux s’avère un des témoignages de ces dissensions : entre fermeture, transformation en condo, multifonctionnalité, et autre «façadisme»… la religion à Québec ne se dirige-t-elle pas tout droit vers la casse?

Il est aisé de constater l’effritement des valeurs religieuses à Québec au sein de la jeune génération. Parmi certains universitaires interrogés à ce sujet, une étudiante clamait ainsi sa total indifférence : « J’ m’en calice, ce n’est même plus une question qui se pose…!». C’est donc bien un fait. La nouvelle génération de québécois s’en calicent de la culture religieuse et voilà tout.
Il semble que le traitement réservé à certains lieux de cultes, fasse la preuve de la perte des valeurs liées au sacré. Assiste-t-on à une vague déferlante de laïcisation de la ville qui se porte en faux contre toute l’Église? En vérité comme l’explique l’Abbé Dufour rencontré dans les locaux du ministère du patrimoine, ce qui peut paraître un symptôme de rejet du religieux à Québec, est sous-tendu par d’autres phénomènes, qui permettent de saisir plus en profondeur ce qui est ici enjeux. Certes laïcisation il y a, mais contrairement à la France par exemple, il ne s’agit pas d’une laïcisation de confrontation, sinon de collaboration. La collusion qui a eu lieu durant les années 1940-1950 et qui a aboutie à la « révolution tranquille »-1960- se fit justement sans dégâts. Elle donna lieu à une forme d’entente entre les autorités religieuses et gouvernementales. Pour preuve le transfère des propriétés de l’Église à l’État, n’a pas pour autant révoqué la voix des religieux, qui demeurent des interlocuteurs de premier ordre quant aux problèmes relatifs à ces biens. Ceci résulte du fait que le gouvernement a une dette lourde envers les autorités religieuses qui ont su doter le Québec- à ses balbutiements- tout au moins d’infrastructures tels que : écoles, hôpitaux, caisses populaires. L’Abbé Dufour n’a pas manqué de faire remarquer que nombres des caisses populaires naissaient dans «les sous-sol d’église», faisant référence à la caisse Desjardins entre autre.
En outre comment biffer l’importance capitale du religieux à Québec lorsque l’on observe que moult voies de circulation portent des noms tels que : le boulevard Saint Joseph, chemin Saint Louis, chemin Sainte-Foy … que certains villages sont encore identifiés grâce à leur clochers? Voici la preuve de la persistance du religieux, malgré tout.

Il n’en demeure pas moins, que des églises et des monastères sont fermés. Dans Saint Roch, c'est le cas de l’église Saint Jean-Baptiste. L’église Notre Dame de la Paix, en 1970 a été désacralisée pour la construction d’une autoroute, et depuis transformée en condo. Pensez à l’église Saint Esprit qui abrite désormais l’École du Cirque. Mais ceci est moins lié au ressentiment -effectif- des Québécois envers l’Église qu’à l’urbanisation des centres villes, toujours selon l’Abbé Dufour. Le phénomène renvoie tout en périphérie; le centre désormais rendu trop dynamique, trop bruyant pour que les riverains veuillent y demeurer.

Ne reste plus que la volonté dès lors, de conserver des églises leur valeur symbolique, historico-culturel. C’est un patrimoine à «identifier, protéger, transmettre et gérer»; cependant que se livre au sein du conseil des monuments une vraie «guerre des clochers», entre pro et anti-façadisme -; l’exemple le plus probant étant le cas de ce qui reste de l’église Saint Vincent de Paul.
Enfin, à Québec le religieux se serait-il mu en une forme d’ameublement du paysage? L’identité culturelle en folklore et les églises, en éléments de décor…


Ces transformations que connaissent les édifices religieux ont tout pour me choquer. Provenant d’un pays comptant grosso modo 90% de musulmans, et ayant baignait dans cette culture toute mon enfance, il me semble que le sort réservé aux églises, monastères et autres relevé presque du sacrilège. Il est vrai que jamais une mosquée chez moi ne pourrait être utilisée à d’autres fins que le culte…cependant je concède que nulle révolution comparable à la «tranquille» n’eut lieu chez moi, ce qui me donne à penser qu'en terme de laicisation il nous reste du chemin à parcourir. Nous ne sommes pas encore en mesure de contester l’autorité religieuse de quelque manière que ce soit.

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