vendredi 9 mars 2007

Une femme de velours aux prises avec une existence de fer


Si les résultats pour l’année 2004 démontrent que les québécois travaillent moins que les autres Canadiens; une femme, une, de ma connaissance balaie d’un revers de la main, à elle seule, ce constat.
J’ai nommé Julie Papillon, 21 ans, étudiante à plein temps, salariée à plein temps…


Ne vous fiez pas, à tord- soyez s’en certains- à son éternel sourire aux lèvres, son air de furieuse toujours crinkée, ses yeux pétillant. S'il est vrai que c’est une passionnée… dessin, photo, musique… sa vie se teinte de couleurs, se remplit d’images, résonne de notes en tout genre… elle s'avère plus fourmi que cigalle.

Difficile de croire que ce bout de bonne femme effectue en moyenne 34 heures de travaille par semaine, tout en poursuivant ses études et s’adonnant à ses diverses passions. De son propre témoignage, elle concède être beaucoup trop dissipée, et quand je lui dis qu’un peu d’organisation lui ferait le plus grand des biens, elle me rétorque que cela la tuerait plutôt- en effet elle se veut une sorte de rebelle aussi; opposée à toute forme de sclérose, d’ennui ne lui dite jamais que vous êtes fatigué, tanné, le danger couru…«vous ne voulez pas le savoir!!»

Le Dag du mercredi au jeudi et Wal-mart du vendredi au lundi, sa cadence est une valse à «N» temps qui jamais ne s’arrête. Ce rythme endiablé Julie l’emboîtait dès ces 14 ans. Petite barmaid, elle confie avoir été payée cinq dollars de la journée pour une tache pour le moins harassante.« C’est le prix à payer pour être indépendante» et pour rien au monde –«ou bien peut-être pour les beaux yeux d’un petit milliardaire, ironise-t-elle»- elle ne changerait son plan de match actuel.

Ses différents lieux de travail sont la scène de milles et une anecdotes et aventures extravagantes. Entre les crouseurs de minuit au Dag et les protestataires patentés- des services après vente- de Wal-mart, les histoires abondent.
Tenez un soir me raconte-elle, au bar, lorsque deux heures sonnent, que les clients affluent, se bousculant pour récupérer leurs manteaux -derrière le comptoir à vestiaire qu'elle tient- avant de crisser leur camp, une bonne dose d’alcool parcourant leur sang, un drôle ayant perdu son ticket se présente à elle et lui somme de lui remettre son bien. Julie tache de le retrouver, après description du dit manteaux, mais exige comme le règlement le stipule- dans ce genre de cas- une pièce d’identité. Chambardement et crise!!! Une meute de personne s’amoncelle pour être aux premières loges et profiter du spectacle. Accablé, notre héroïne tente de s’expliquer et là devant tout cet auditorium, le client décidemment inspiré, feint; un regards sur son coté droit, puis le gauche, derrière lui- nez à nez avec un mur- et enfin avec aplomb fulmine : «c’est…à moi que tu parles…!» comment garder la tête haute, ne surtout pas s’emporter,et réagir à cela… aïe, j’en frissonne…
À Wal-mart pensez vous que ce soit mieux!? Pensez vous que se faire traiter de «grande noire à lunettes» soit plaisant? Et pourtant c’est une arnaqueuse de bonne femme qui pour se plaindre l’affubla de ce nom. Arnaqueuse, car ayant reçu les photos d’un autre client à la place des siennes, au lieu de les réclamer et s’en tenir à ça,cette dernière se fit amplement dédommager, pour l’incident. Mon doux, que d’expérience!
Son sort, définitivement, est celui de plusieurs femmes à qui je souhaite une bonne journée internationale de la femme et bien du courage.

1 commentaire:

Maxime Houle a dit…

Excellent portrait, Chaher! Très dynamique et très bien écrit! Ce serait sympa toutefois d'avoir, p-e dans la zone des commentaires, le commentaire de cette Julie par rapport à son portrait! ;-)